Assis sur la banquise de sa vie,
L’homme devise sur ce qu’il a fui : la vie.
Sur les eaux gelées de son océan,
Le penseur mire son reflet,
Un masque, sur son visage, glacé.
Ô désespoir face au néant !
L’homme est triste,
Mais plus aucune larme ne coule,
De sous son masque crie qu’il existe,
Tandis que tout, autour de lui, s’écroule.
Alors il rêve, puis se ravise,
D’une contrée lointaine appelée Venise,
Des loups qui y dansent chaque année.
Devenu un loup pour lui-même,
Il souhaite tant s’apprivoiser,
Partir à la rencontre de ces autres visages,
Découvrir enfin qui il est,
Accoster sur les rivages
De son identité.
Être lui-même.
C’est alors qu’à l’est, soudain, le ciel rougeoie.
L’astre du jour se lève,
Le cœur de l’homme flamboie,
Son âme s’élève.
Cric ! Crac ! Le masque de glace se craquelle,
La vie, à nouveau, se fraye un chemin,
Ses couleurs chatoyantes refont surface.
Tout était déjà là, à portée de main,
Il suffisait simplement de faire face.
Ô comme la vie est belle !