lundi 13 juillet 2020

En Sōmme(s)

Tam.
Tam.
Tam.
Le tambour frappe et résonne. Le monde a ouvert ses paupières depuis peu et déjà la terre nous appelle. Les échos des battements de son cœur se font entendre.
Boum.
Boum.
Boum.
Nos racines plongent et se mêlent à celles des arbres, tissant des liens forts et résistants. Nous œuvrons désormais main dans la main. Tout un réseau de communication souterraine s’offre à nous. Les esprits des grands sages nous rejoignent.
Ting.
Bong.
Ils enchantent nos oreilles, parfois dans un murmure. Ils nous parlent, nous passent des messages que seule notre âme peut entendre et comprendre. Leurs voix flottent dans les airs, telles des petites lucioles sonores, tandis que nous réveillons notre corps. Pieds ancrés dans le sol, mains tendues vers le ciel, les portes de notre temple intérieur s’ouvrent, dévoilant un soleil rayonnant qui diffuse sa chaleur bienveillante et douce. Il vient se fondre aux milliers d’autres soleils qui irradient dans ce cercle lumineux. La sève de la terre mère monte du noyau terrestre, auquel nous sommes à présent connectés, emplissant d’énergie tout notre être. Nous levons l’une de nos jambes et déployons nos branches ainsi que notre feuillage. La brise matinale s’y engouffre aussitôt. Le chant qui en émane s’harmonise au chœur des sages qui nous entourent. Les oiseaux ponctuent de leurs pépiements cette mélodie céleste.
Aum.
Aum.
Aum.
Le son de la création nous ramène à la naissance du monde, à l’avènement de la vie, à notre propre création. Il résonne en nous pour nous rappeler que nous sommes lui et qu’il est nous. Nous ne sommes qu’un. Il est le cercle que nous formons, l’herbe que nous foulons, le soleil qui nous éclaire, l’air que nous respirons. Il est enfin dans ce Namaste que nous formulons et qui salue la part divine que nous voyons en chacun.
Bong.
Le tableau vivant qui nous accueille nous invite à explorer nos paysages intérieurs. Notre corps respire avec le monde, incarnant son souffle. C’est alors qu’une plume descendue du ciel vient se poser délicatement dans notre âme. Plume de paon, de chouette, de tourterelle, d’hirondelle, à chacun la sienne. Bercée par notre respiration profonde elle dépoussière notre âme de ce qui l’empêchait de respirer et…
…Pop !
Notre génie artistique surgit. Craies, gouaches, stylos, laissons fleurir les couleurs, les mouvements, les mots. Centrons-nous un instant sur ce détail qui a piqué notre curiosité et considérons-le d’un peu plus près. Qu’a-t-il à nous apprendre ? Un dialogue s’amorce : « J’aimerais te dire… ». Nous l’écoutons nous parler dans le bruissement léger de la plume qui effleure et glisse sur le papier. Ses paroles profondes nous émeuvent ou nous amusent, nous émerveillent et nous font voyager en notre for intérieur. La poésie entre dans la danse. Le cœur de la terre-mère bat à présent à travers nos mots : aimer au point de vouloir que l’autre reste, aimer malgré l’erreur, nager dans le ciel, comprendre que la question ne peut venir que de nous face à la page blanche, s’étonner de sa capacité de concentration, être dans la gratitude de l’instant présent. L’énergie se partage grâce à la magie de ces vérités si simples que nous exprimons à voix haute.
À table !
L’heure est à l’énergie de la convivialité et des fruits de notre terre-mère dont nous nous délectons sous un soleil ardent. Les senteurs des huiles essentielles nous rappellent combien la nature est guérisseuse. L’orgue des fragrances est dirigé d’une main de maître par un chef d’orchestre passionné et à l’écoute de la moindre dissonance.
Ting, bon, ting. Boooong.
Au pied de l’arbre une conversation d’un genre particulier s’engage. Les sages se sont posés au sol et nous proposent de faire leur connaissance. Ronds, de tailles variables, ils sont prêts à répondre à nos interrogations. Mailloche en main, notre question vient frapper ou effleurer délicatement le bol qui aussitôt répond par un son puissant ou une vibration chantée. La fontaine des fées voit ses eaux cristallines se muer en fines gouttelettes qui jaillissent en un feu d’artifice, rendu scintillant par les rayons du soleil qui filtrent à travers la canopée. Un filet d’eau se fait entendre. Portés par ce ruissellement, nous embarquons pour une évasion sonore qui nous transporte très vite sur les bords de mer. Le bruit du ressac nous berce. Nos pieds baignent dans l’écume des vagues. Nous profitons de ce bain de verdure pour nous laisser aller. Les sages nous accompagnent. L’âme du monde chante et résonne tout autour de nous. Elle voyage en flottant avec grâce sur la mélodie d’une flûte indienne. Sa voix sait prendre différentes tonalités pour qui veut bien tendre l’oreille et l’écouter. Nos corps s’endorment, lévitent, se dissolvent. L’âme toujours reste en éveil. Elle fusionne avec le rythme du monde, avec sa musicalité. Un cercle de lumière blanche nous unit et tournoie au-dessus de nos têtes. Nos énergies sont en symbiose. Nous sommes hors du temps. En suspend. Dans l’instant présent. Puis le voyage touche à sa fin. Notre conscience regagne notre corps. Les sensations reviennent. Le vent et le soleil caressent à nouveau notre peau, notre écorce. L’enveloppe terrestre revient à la vie, régénérée. L’acuité des sens est aiguisée. L’esprit est calme. Apaisé.
Yin !
Philosophie de l’être. Se poser. Respirer. Devenir la posture. Mère Teresa, Khalil Gibran, et autres grands maîtres bouddhistes, nous ramènent à l’essentiel. À l’instant présent. Le seul qui compte. Le passé n’est plus. Le futur n’est pas à imaginer. Ne rien attendre et tout arrivera. Le monde animal s’invite à son tour : le crocodile, le chien qui se mord la queue…le sphinx. Nous sommes les questions et les réponses aux énigmes de notre existence. Notre enfant intérieur le sait. Il prend sa posture d’enfant rieur et s’amuse de notre mutisme face à une vérité si simple, si évidente. Il n’a jamais quitté l’instant présent, lui. Si seulement nous le laissions nous aider à préserver cet ancrage dans notre quotidien. Le son de son rire cristallin restaure la joie dans nos cœurs. Aum. Aum. Aum. L’enfant rieur est le son originel, il vit en nous et guette la moindre occasion de nous faire pétiller de vie.
Namaste !
À présent, entre dans la danse à ton tour ! Fais-nous sautiller, glisser sur l’herbe, voler tel un oiseau. Amusons-nous, en toute insouciance, sur la plage abandonnée, avant de nous séparer dans un dernier…Namaste.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire